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« La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures ». Noam Chomsky, figure du socialisme libertaire, accorde à la propagande une place entière dans le mécanisme de fonctionnement d’une démocratie. Sa vision du monde peut s’expliquer par la binarité du monde au XXe siècle et le contexte de guerre froide qui s'ensuit.

La politique en son sens plus large est issue du terme grec Politikos. Ce terme désigne tout ce qui est relatif à l'organisation ou autogestion d'un État ou d'une cité et à l'exercice du pouvoir dans une société organisée.

La propagande désigne quant à elle l'action de diffuser, de propager, de faire connaître, de faire admettre une doctrine ou une idée. L’objectif d’une propagande est d'influencer l'opinion publique, de modifier sa perception d'évènements, de personnes, de produits, de mobiliser des partisans où en détourner d’autres. La propagande peut prendre plusieurs formes. Généralement elle est sous forme de campagnes de diffusion d'informations toujours incomplètes, partiales et déformées. La diffusion d’une propagande est souvent à très grande échelle pour toucher un maximum de personnes.

Internet est défini par le Professeur Ségur comme représentant le système de transmission des données en réseau grâce à l’usage de protocoles standardisés. Il s’agit d’une idée de standard remise en question, puisque certains États ont créé leur propre réseau national afin de mettre la population sous contrôle.

En 1962, Jacques Ellul exposait qu’« il est un fait sur lequel il ne peut y avoir discussion, c’est la nécessité où se trouve aujourd’hui la démocratie de “faire de la propagande”. ». Cette affirmation s’inscrit dans la lignée de celle de Noam Chomsky. Les techniques modernes de persuasion de masse sont apparues précisément à la fin du XIXe siècle, avec l'affirmation du suffrage universel et des régimes démocratiques. Les communistes et fascistes les ont raffinés et rationalisés dans une perspective totalitaire.

La date de publication de l’ouvrage de Jacques Ellul se trouve à un carrefour où l'attitude politique d'écoute, de dialogue et d'échange entre dirigeants et citoyens remplace la vieille lutte idéologique. L'harmonie démocratique, en tant qu'idéal, condamne donc la propagande en faveur d'un nouveau concept qui se nourrit des sciences sociales, le concept de communication politique. Ainsi, les pouvoirs et les partis d'Europe occidentale ont adopté les théories de la communication nées aux États-Unis dans les années 1940 et 1950. Le processus initié après la Seconde Guerre mondiale s'accélère dans les années 1970.  La fin de la guerre froide marqua un tournant, c’était la fin de ce climat pesant sur la scène mondiale.

Le XXIe siècle fut un tournant dans la manière de faire de la politique. Ainsi, Internet est devenu le nouveau moyen d’expression politique en passant devant des canaux traditionnels comme la télévision ou la radio.

Il convient dès lors de se demander quel rôle spécifique joue Internet dans la propagande politique au XXIe siècle ?

Internet a évolué et est devenu la première arme d’attaque des politiques. Une forme de contradiction peut être perçue dans ce réseau d’échanges. Il peut être à la fois être une source d’information et de désinformation.

  L’avènement d’Internet, l’arme offensive des politiques

  Aujourd’hui, l’essentiel si ce n’est la quasi-totalité de la communication politique passe par Internet. Cette dernière s’est donc affinée pour mieux toucher sa population et accroître son impact.

  Internet, la caisse de résonance de la communication politique

      Internet est un média et un amplificateur d’informations. Internet apporte l’instantanéité et la rapidité. Depuis environ 15 ans, Internet prend une place de plus en plus importante dans le quotidien des Français et dans la communication politique. Aujourd'hui, la France compte plus de 52 millions d'internautes. Les politiques ont donc pris conscience de l’ampleur de l’enjeu.

     Internet est considéré en France comme un média de communication politique depuis le référendum relatif au Traité établissant une Constitution pour l'Europe de 2005. Antérieurement, la plupart des partis politiques et hommes politiques possédaient des sites institutionnels. Or, ils s’apparentaient davantage à un lieu statique avec un objectif purement informatif, sans interaction directe avec les potentiels électeurs. La parole était rarement accordée aux électeurs. Internet a changé la donne, ils n’ont plus besoin de la demander mais se l’accordent eux-mêmes.

      La première illustration de l’utilisation d’Internet par des politiques a eu lieu aux Etats-Unis en 2003 pour les présidentielles de 2004. Howard Dean, candidat aux primaires démocrates, primaires démocrates, a utilisé pour la première fois, Internet comme média principal de sa campagne. Il est considéré comme le précurseur de l'e-politique . Un illustre inconnu au budget de campagne ridicule en comparaison à ses adversaires. Les politiques ont alors compris qu’ils pouvaient se passer de la télévision et avoir une certaine audience. En France, ce sont les élections présidentielles de 2007 qui ont donné naissance à une réelle stratégie de communication sur la toile. Les deux candidats des principaux partis à savoir Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal utilisent Internet dans leurs campagnes respectives.

      Depuis l’élection présidentielle américaine de 2008 avec la victoire de Barack Obama et de son slogan « Yes We Can », Internet est devenu le 1er outil de communication politique. Les chiffres en constante augmentation le démontrent, que ce soit en France, aux États-Unis ou partout ailleurs.

      Les politiques ont trouvé avec Twitter un outil d’exposition. Un politique a besoin d’une médiatique pour exister. Les réseaux sociaux leur permettent d’accéder à cette visibilité. Les politiques ont ainsi trouvé un moyen rapide de toucher directement différentes sphères. Ils peuvent aussi bien atteindre par ce biais le grand public que les médias. 

La population cible à l’attaque des politiques

La société contemporaine est forcée de constater que les partis politiques ne sont pas à la révolution numérique. Les modes d’interactions via Internet, en effet, représentent aujourd’hui un tremplin à la communication politique. Il est, à la fois, le lieu où se mélangent critiques, mais également, les attentes des futurs électeurs.

Le numérique, au-delà, représente un moyen pour les citoyens de substitution aux participations directes aux différents partis politiques. Participer physiquement à la vie politique est chronophage pour le citoyen . L 'aspiration commune des politiques et des citoyens quant à l'usage d'Internet est la volonté de promouvoir une meilleure participation poussée par le biais d’internet et l’évolution des technologies. Plus spécifiquement, des réseaux sociaux. L’ensemble de ces canaux représentent un espace d’échange en termes de démocratique. 

La liberté d'expression et la pluralité des opinions sont au fondement d’Internet, et des réseaux sociaux. Les réseaux sociaux (tels que Facebook et Twitter), vecteurs principaux du partage de l’information sur Internet, englobent la quasi-totalité de la population du territoire français. Il forme à lui-même une pôle d’échanges, non pas seulement nationale, mais mondiale. Celle-ci est même participative, sans censure, et sans discrimination, raciale ni sexuelle.

La montée en puissance rapide d’Internet a affecté le quotidien du citoyen, dans toutes ses interactions avec le monde. Cela le touche en tant que producteur et consommateur. Les grandes entreprises, sous surveillance de l'État, les grands groupes financiers, et les nouveaux producteurs d’information tels que les ONG.

L’accès à la parole se confond à la liberté de diffusion des idées dans le monde entier. On facilite les coûts de la participation citoyenne, en lui octroyant une liberté, grâce au Web. Les différentes politiques favorisent la rapide intégration des participants, de tout milieu social. C’est donc une manière de rassembler le monde, de tout horizon.

Lors des élections présidentielles de 2022, l’ensemble des candidats ont, pour illustration, mené la majorité de leur campagne  fait de mener leur campagne électorale par le biais de l’outil numérique. Cela témoigne d’un changement de l’ère politique.

Cependant, l’avènement de cette nouvelle ère implique de meilleures facilités à contraindre la compréhension de ces citoyens participants.

Les contradictions d’un nouvel espace public médiatisé

Le XXIième siècle est dominé par la technologie. Le nouveau citoyen engagé a la lourde tâche de la compréhension. L’inégal accès à l’information, et le défaut de communication représente un fléau pour l’accès à la politique. En effet, une erreur de communication par les politiques représente une entrave à la démocratie.

Communication et désinformation à l’heure d’Internet

Pour rappel, les scientifiques soutiennent que le sens commun peut nommer le paradigme de la mobilisation. C’est, en effet, un nouveau moyen de démocratisation. Seymour Lipset les nomme les  « technologies de la liberté ». Elles se confondent cependant à ce que les scientifiques appellent couramment « technologies citoyennes ». On définit un cadre de liberté fixé à des conditions de diffusion et de réception de l’information.

Les termes « propagande » et « désinformation » ont un rapport lourd de sens. Les deux termes se rejoignent sur une définition commune qui est le partage de l’information. Elle est capable de causer préjudice. Ce dernier est en lien avec la défense d’une cause ou d’une vision morale ou politique particulière.

La désinformation présente, en effet, une information fausse qui est délibérément partagée pour porter préjudice. L’information malveillante représente une information fondée sur des faits réels, utilisée pour porter préjudice.

La généralisation de formes sophistiquées de technologie de l’information et de la communication a pris une ampleur importante avec l’avènement d’internet et ses réseaux sociaux. L’exemple du partage de textes, d’images, de vidéos ou de liens en ligne, notamment, propage l’information beaucoup plus rapidement que dans l’ancien ère.

La jeunesse est de nos jours confrontée à davantage de technologies que ne l’étaient leurs aînés du XXième siècle. La place à la communication est d’autant plus forte qu’elle n'a pas d‘impact sur lui. La désinformation est quotidienne sur les réseaux sociaux. En effet, l’entièreté, ou presque,  de l’activité du jeune citoyen se passe sur internet.  Sa connaissance du monde et sa perception de la réalité s’appuient uniquement sur les informations diffusées en ligne. 

Il est, aujourd’hui, à l’éducation scolaire d’appliquer les jeunes à la compétence informatique, pour améliorer leur regard sur l’information et la réflexion critique qu’ils ne peuvent acquérir.

En effet, acquérir la capacité à faire preuve d’esprit critique face à la propagande et à la désinformation en ligne représente une compétence démocratique essentielle. Il est nécessaire d’attribuer une place essentielle dans l’éducation à la citoyenneté numérique et l’éducation aux médias et à l’information, afin de pallier à de tels problèmes.

Le Conseil de l'Europe pousse notamment l’éducation à l’analyse et à la réflexion critique. La compréhension critique du monde est au centre du cadre de référence des compétences.

On connaît différentes difficultés à l’apprentissage de la compréhension à la communication et la désinformation : La différence d’expérience entre les élèves et les professeurs, moins familiarisés à l’informatique car issus d’une époque différente, la rapidité trop importante de l’évolution des activités technologiques que les jeunes ont l’habitude de réaliser, ou la difficulté à trouver un programme facilement intégrable dans leur emploi du temps, parfois lourd.

Il peut donc être compliqué pour les établissements scolaires de permettre d’approfondir l’apprentissage de l’analyse et des compétences spécialisées dans le numérique.

Il est cependant nécessaire d’éduquer à la propagande politique. En effet, elle n’a jamais eu de plus fort impact qu’actuellement. Et elle peut s’avérer dangereuse pour la société. Il est nécessaire d’en contrôler sa propagation afin d’éviter de créer une forme de dictature au sein de la société.

L’utilisation de la propagande par les régimes dictatoriaux

La propagande ne se rencontre pas exclusivement sous forme de publicité ou sous forme de discours politique. On la retrouve partout, que ce soit de manière verticale avec l’État qui adresse des messages au peuple ou bien d’une autre part de façon horizontale et adressé par des personnes entre elles par des discussions, des conversations. Elle peut émaner de partout.

La propagande peut représenter une cause de guerre moderne. En effet, en établissant les objectifs, elle provoque le sacré sociologique. Même si elle n’est pas créatrice de la guerre elle-même.

Les caractères techniques et sociologiques sont représentés. Pour Jacques Ellul, la différence entre une propagande dite démocratique et une propagande autoritaire est tout à fait fallacieuse. La cause: une analyse insuffisante des faits sociaux.

Seule la propagande efficace compte. Celle-ci, en effet, est subordonnée à la propagande et, même si elle était objective. Cependant, elle rendrait la propagande inévitable dans le cadre de l’aide à la compréhension et l’orientation de l’Homme.

C’est le cas, par exemple, de la Chine, ou la Russie, qui utilise la propagande sur le web de manière stricte afin de mettre en valeur les arguments politiques mis en place par le gouvernement. Quitte a restreindre les libertés d’usage d’Internet et des réseaux sociaux par leurs citoyens.

La propagande est un moyen rusé par lequel la volonté des uns s’impose aux autres. C’est devenu la manière la plus sûre pour tenir les oppositions et les contradictions. Associer propagande et démocratie n’est pas impertinent, au contraire c’est le souci de la société actuelle et future.

 

Bibliographie

Articles

BARDIN Mickaël, « Les partis politiques et l’outil numérique », in Pouvoirs, 2017/4, n°163, p. 43-54.https://www.cairn.info/revue-pouvoirs-2017-4-page-43.htm

DORNA Alexandre, « La propagande par l’image », in Humanisme, 2016/1, n°310, p. 44-48.https://www.cairn.info/revue-humanisme-2016-1-page-44.htm

GERE François, VERLUISE Pierre « Communication et désinformation à l’heure d’Internet, des réseaux sociaux et des théories du complot », 24 mars 2019. https://www.diploweb.com/Communication-et-desinformation-a-l-heure-d-Internet- des-reseaux-sociaux-et-des-theories-du-complot.html

Médias
EPELBOIN Fabrice, « Comment les réseaux sociaux ont détruit la démocratie », in Youtube [en ligne] https://www.youtube.com/watch?v=URpY_yqbBrw, 2021
Cours

SÉGUR (P.), Droit de la personne et Internet, Master 1 Administration Publique, Université de Perpignan Via Domitia (UPVD), Perpignan, 2022.

Sites officiel France diplomatie, “Les manipulations de l’information : «Un défi pour nos démocraties», 3 septembre 2018, https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/les_manipulations_de_l_information_2cle04b2b6.pdf Service de liste de diffusions par CNRS, «Le Marketing politique», 16 mars 2012, https://listes.services.cnrs.fr/wws/arc/athena/2012-05/msg00030/Le_marketing_politique.pdf 
Ouvrages
BUFFON Bertrand, La parole persuasive : Théorie et pratique de l’argumentation rhétorique, Paris, PUF, L’Interrogation philosophique, 2002, 478 p.

ELLUL J., Histoire de la propagande,coll. Que sais-je ?, Paris, PUF, 1976.

ERALY Alain, Une démocratie sans autorité ?, France, Eres, sociologie politique, 2019, 256 p.

GERE François, Dictionnaire de la désinformation, France, Armand Colin, Dictionnaire, 2011, 352 p.

Auteurs : Mustapha EL EDRESSI , Samy RABHI, Fayçal TANOUYAT

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